RED APPLE PEAK 6070m
Le 9 août, au lendemain de notre arrivée au CB, Fred Greg et Olivier font une
première reconnaissance vers le glacier de Katkar, en prévision d’un camp de plus
haute altitude.
Glacier de Katkar et sont lac
Poussés par l’enthousiasme de nos trois Rider les plus acharnés, et chargés comme
des mulets, nous décidons de monter directement avec nos couchages et quelques
réserves, afin d'établir ce camp avancé et de passer une première nuit en altitude.
Tous les membres de notre expédition se mobilisent pour cette transhumance, en
portant, en assainissant le parcours avec une tyrolienne pour le franchissement
d’une rivière, en balisant ce tracé chaotique… Cela va se traduire par un certain
épuisement des moins entraînés, qui décideront de revenir au CB.
Pekma et Lakpa, nos deux solides sherpas, nous aident dans cet assaut un peu
prématuré. Après une lutte acharnée, entrecoupée de séquences vidéos et photos,
nous prenons pied sur le glacier où, tout à coup, la marche devient facile, comparée
aux 5 heures de bataille que nous avons livrées sur les blocs instables des
premières moraines.
Passage de la tyrolienne |
Traversée de la moraines |
Marche d'approche en direction du camp avancé |
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Le 11 août, à 4983m, au lendemain de ces efforts violents, nous sommes heureux de
voir tomber la neige : elle nous permet de nous reposer et de nous acclimater, en
affinant l’arrimage de nos tentes établies sur la moraine, en bordure du glacier.
Les dimensions sont imposantes et notre environnement minéral surprend les moins
habitués, mais tout cela n’inquiète aucunement notre trio de base, qui propose une
tentative pour gagner le sommet dès le lendemain.
Il est vrai que nous ne devons pas perdre de temps: les 17 jours prévus initialement
au camp de base se sont réduits à 13 jours par notre marche d’approche incertaine.
Camp avancé à 4'983m |
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Partis à cinq heures du matin de nos abris de toile du camp 1, nous progressons
rapidement vers le premier palier du glacier où nous pouvons enfin coller les peaux
et chausser les skis, une sécurité supplémentaire dans ce dédale de crevasses
heureusement visibles. En nous approchant des sommets fermant ce bassin
glaciaire, nous découvrons pour la première fois notre objectif.
Animés de la conviction absolue de réussir, Laurence, Fred, Greg, Jiri, Olivier et
Stéphane progressent rapidement, en espérant ne pas être surpris par une barrière
de mousson, qui déborde du sud. Les séquences vidéos ralentissent les élans, mais
Stéphane insiste pour immortaliser notre solitude et, sous le sommet quasi atteint par
son flanc Est, la décision est prise de rebrousser chemin, afin de revenir avec de
meilleures conditions pour les images !
Première tentative du Red Apple Peak |
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Sommet du Red Apple Peak
Personne ne dit mot et pourtant, comme une personne expérimentée le pressent,
nous avons peut-être raté le sommet, en espérant, pour notre sponsor, de meilleurs
clichés… Une solidarité exemplaire, doublée d’un manque d’acclimatation, ont
certainement fait passer la pilule !
Le même soir, Fred et Olivier descendent jusqu’au CB pour une meilleure
récupération. Le lendemain, sous la neige, c’est au tour de Laurence de rejoindre le
CB avec l’aide de Jiri et de Pekma, qui vient à leur rencontre. Le mélange pluie-neige
déstabilise les moraines et rend délicat le parcours vers ce confort de plaine…
Entre tournage, alimentation et déneigement, le temps passe vite et le 14 août au
soir, nos compagnons remontent avec Yannick, en vue de faire des photos durant
l’ascension du sommet à ski.
Camp avancé de nuit
Pour éviter les débordements de mousson, nous décidons un réveil à 02h00.
Malheureusement, le mauvais temps persiste toute cette journée du 15, qui se
termine par une descente éclair de Yannick pour soigner Pauline, qui nous annonce
par radio des symptômes inquiétants. Par bonheur et avec l’aide du caisson, son
début d’oedème se stabilise, mais l’oblige à rester au CB.
C’est finalement le 17 que notre réveil sera récompensé par la vision de trouées de
ciel bleu sombre à l’horizon, sous un plafond toujours nuageux. Nous décidons de
forcer le destin.
Couvert de neige fraîche, le relief du glacier est un vrai champ miné, si l’on songe
aux crevasses à peine recouvertes. Olivier, encordé avec Laurence et Stéphane,
nous dévoile ses talents d'intuition en louvoyant dans cet univers risqué, pour nous
conduire vers le sommet de main de maître.
Deuxième tentative du Red Apple Peak |
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Le ciel se dégage progressivement lorsque nous approchons, toujours encordés, du
lieu de retour de la dernière tentative.
Cette fois la pente Est, sous l’effet du soleil, devient risquée et nous devons changer
d’itinéraire pour essayer de gagner le sommet par le sud.
En franchissant une énorme rimaye, vers 5600m, nous allons rejoindre une crête
rocheuse qui nous conduira sans trop de difficulté au sommet du Mont RED APPLE
et à ses 6070 mètres, après huit heures d’effort intense.
Composée d’une énorme corniche, cette croupe neigeuse nous offre, pour notre plus
grande joie, un panorama exceptionnel.
Monté dans les crête rocheuse |
Fred dans la pente sommitale |
Les team au sommet - 6070m |
Stéphane Schaffter au sommet |
La neige fraîche, totalement pourrie par le soleil, nous laisse tout de même le bon
souvenir de quelques virages sur les pentes sommitales.
La neige des derniers jours nous permet quasiment d’atteindre le camp 1 avec les
skis, et sur leur élan de conquérants, Fred, Greg, Olivier et Laurence enchaînent
vers le CB pour fêter leur réussite.
Le lendemain, avec l’arrivée du soleil, Jiri et Stéphane démontent le camp et
redescendent à leur tour vers le CB, croisant Pekma, Lakpa, Fred et Olivier, qui
montent récupérer, comme d'autres ensuite, les dernières charges.
Sommet du Red Apple Peak - 6070m